Elle s'est envolée...

Publié le par sioban

Quand tu as arrêté de râler et de te plaindre,  je me suis inquiétée.

Au téléphone tu semblais absente, je me suis inquiétée.

La dernière fois que je t’avais vu,  tu avais cessé de te battre,  je me suis inquiétée.

J’ai appelé les cousins,  je me suis inquiétée.

Je te téléphonais tous les jours, tu semblais de plus en plus absente, je me suis inquiétée.

Tes propos semblaient de plus en plus incohérents, confus, je me suis inquiétée.

Tu répondais par de longs silences qui n’étaient pas toi, je me suis inquiétée.

Alors j’ai compris que tu avais cédé.

Cette visite à l’hôpital, nous étions là, tu étais entourée.

Pour mes cousins de plaisanter, d’être forte je me suis efforcée.

Alors qu’on tentait de te faire manger, tout doucement cette infirmière est entrée.

Avec le sourire de celle qui sait, elle s’est efforcée de nous expliquer .

« Il ne faut pas la forcer »

C’est à ce moment que j’ai compris que ce qu’elle venait de nous expliquer.

C’est que tu allais bientôt nous quitter.

J’ai enfin assimilé que tu nous laissais tomber.

Je ne l'ai jamais accepté.

Alors les cousins et moi t'avons entourée.

A chaque fois que tu te réveillais nous avons continué à parler.

Nous sommes tous restés, nous avons même plaisanté.

Bora Bora a longuement été évoqué.

Nous refusions de te laisser t’envoler.

L’infirmière avec sa machine à fait son entrée.

Ton corps douloureux elle venait soulager.

Une pompe à morphine a été branchée.

De sourire, de réconforter, de plaisanter, je me suis efforcée.

Mais tout au fond de moi quelque chose s’était brisée.

Cette dernière image de toi cherchant désespérément à respirer m'a longtemps hanté.

Dans ce terrible ascenseur, je me suis effondrée.

Je t’ai revue enfin apaisée, alors je ne me suis plus inquiétée.

 

Tu avais encore tellement de chose à nous raconter.

Finalement de toi nous n'avons pas assez profité.

C’est avec tout notre amour et nos rires que tu t’es envolée.

Je ne regrette pas de t’avoir accompagnée...

Publié dans Mes humeurs

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N
<br /> <br /> Tout simplement et purement émouvant ma chère Sobian, quel plaisir que celui de te lire.... Nikita.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Merci Nikita !<br /> <br /> <br /> Je t'embrasse.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Très beau texte, très touchant. On a tous vécu et malheureusement on le vivra encore ce moment si terrible d'accompagnement où nous nous sentons impuissants et hors du temps. Ces périodes nous<br /> marquent à vie et nous transforment.<br /> <br /> <br /> Je me rappelle la souffrance dans son regard sans jamais se plaindre et juste quelques gémissements incontrôlables qui la trahissaient. Comme j'avais mon fils avec moi, le temps m'était<br /> compté. J'ai pris sa main, elle était moite. Non, ce n'est pas possible, ce n'est pas elle, elle qui me prenait si souvent la main, me caressait avec ses doigts délicats et doux. Je ne<br /> pouvais pas réaliser qu'elle pouvait avoir ces mains comme en détresse. Souvent quand j'ai les mains de mes enfants dans les miennes, je capte leur douceur et m'imagine un peu d'elle à<br /> travers eux.<br /> <br /> <br />  J'ai réussi à lui dire que je l'aimais et elle me répondit qu'elle aussi. Je lui dis " à bientôt." avant de sortir de la chambre et elle me dit " à non, alors." Alors, j'ai modifié:"au<br /> revoir, M". Les jours suivants, elle ne parlait plus, n'était plus vraiment là. Elle a attendu d'être seule un jour pour s'envoler dans les minutes qui ont suivi le départ de son mari et de<br /> sa fille.<br /> <br /> <br /> Nous avons des images qui nous reviennent dans la journée et nous coupent de notre concentration. Je pense que ce sont des messages "envoyés" pour nous dire que nous ne sommes pas seuls et même<br /> si la personne s'est envolée, elle nous accompagne toujours dans tout ce qu'on fait. Enfin, je m'en persuade pour atténuer le manque. Moi, j'ai du mal à franchir le cap et revenir près de ces<br /> lettres gravées sur une petite plaque rose. Pourquoi ? je ne trouve pas de réponses, de peur de s'effondrer à nouveau ou bien de penser que l'on ne ressentira peut être pas grand chose. Nous<br /> allons bientôt quitter définitivement son lieu d'habitation. J'ai du mal à l'accepter, peut être encore une douleur à venir, un manque de plus, plus de point de "ralliement" ou de repère.<br /> Une présence possible en moins, un envol de plus, un "au revoir".<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Merci Laffreu pour ce mot plein de tendresse et d'amour.<br /> <br /> <br /> Je t'embrasse fort<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Je t'embrasse tendrement. J'avais oublié combien tu pouvais aussi être fragile joli sourire !<br /> <br /> <br /> <br />
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