Elle s'est envolée...
Quand tu as arrêté de râler et de te plaindre, je me suis inquiétée.
Au téléphone tu semblais absente, je me suis inquiétée.
La dernière fois que je t’avais vu, tu avais cessé de te battre, je me suis inquiétée.
J’ai appelé les cousins, je me suis inquiétée.
Je te téléphonais tous les jours, tu semblais de plus en plus absente, je me suis inquiétée.
Tes propos semblaient de plus en plus incohérents, confus, je me suis inquiétée.
Tu répondais par de longs silences qui n’étaient pas toi, je me suis inquiétée.
Alors j’ai compris que tu avais cédé.
Cette visite à l’hôpital, nous étions là, tu étais entourée.
Pour mes cousins de plaisanter, d’être forte je me suis efforcée.
Alors qu’on tentait de te faire manger, tout doucement cette infirmière est entrée.
Avec le sourire de celle qui sait, elle s’est efforcée de nous expliquer .
« Il ne faut pas la forcer »
C’est à ce moment que j’ai compris que ce qu’elle venait de nous expliquer.
C’est que tu allais bientôt nous quitter.
J’ai enfin assimilé que tu nous laissais tomber.
Je ne l'ai jamais accepté.
Alors les cousins et moi t'avons entourée.
A chaque fois que tu te réveillais nous avons continué à parler.
Nous sommes tous restés, nous avons même plaisanté.
Bora Bora a longuement été évoqué.
Nous refusions de te laisser t’envoler.
L’infirmière avec sa machine à fait son entrée.
Ton corps douloureux elle venait soulager.
Une pompe à morphine a été branchée.
De sourire, de réconforter, de plaisanter, je me suis efforcée.
Mais tout au fond de moi quelque chose s’était brisée.
Cette dernière image de toi cherchant désespérément à respirer m'a longtemps hanté.
Dans ce terrible ascenseur, je me suis effondrée.
Je t’ai revue enfin apaisée, alors je ne me suis plus inquiétée.
Tu avais encore tellement de chose à nous raconter.
Finalement de toi nous n'avons pas assez profité.
C’est avec tout notre amour et nos rires que tu t’es envolée.
Je ne regrette pas de t’avoir accompagnée...